Vive le Nord
à vélo dans un écrin francophone de l’Ontario




Deux cyclistes se fraient un chemin sur des routes pastorales. Ça sent le blé; la lumière est d’un doré peu commun.
Combien de personnes ont foulé ces lieux, avant eux? Le peuple Nbisiing (Nipissing), qui habite les lieux depuis des millénaires, y est toujours bien ancré.
Puis, dès le début de la Nouvelle-France, les explorateurs sont passé tout près d’ici, sur le lac Nipissing, en direction de la baie Georgienne ou du lac Winnipeg.
Du nombre, Samuel de Champlain, suivant des guides qui connaissaient à fond la route entre la rivière des Outaouais et la baie Georgienne. Le père de la Nouvelle-France a été charmé par les belles îles du lac Nipissing, les rivières poissonneuses, les prairies luxuriantes, les forêts grouillantes de gibier, l’abondance des petits fruits.
Il aura fallu attendre 250 ans avant que la colonisation se déploie sur les rives du Nipissing. Des bûcherons canadiens-français sont venus abattre les grands pins. Ensuite, le rail ouvrant la voie, les colons canadiens-français sont venus défricher la terre.
Aujourd’hui, le français résonne et vit toujours dans la région de Nipissing. La magnifique véloroute Vive le Nord est une vitrine sur cet écrin de vie française.
Un cœur battant francophone en Ontario
Par son histoire et par sa francophonie bien vivante, la région du Nipissing a un caractère unique. Le Sentier Transcandien cherchait à se frayer un chemin tranquille dans le Nipissing. C’est ainsi que le réseau local Discovery Routes a mis en valeur de magnifiques routes de campagnes, chéries localement, formant une boucle de 178 km.
La véloroute « Vive le Nord » fait le pont entre le passé et le présent. Les adeptes de la randonnée et du vélo traversent des paysages saisissants qui rappellent l’audace des explorateurs français et le labeur des agriculteurs venus défricher les terres.





La véloroute Vive le Nord emprunte des routes de campagne tranquilles, bordées de champs de maïs ou de blé.
Une vingtaine de granges, parfois centenaires, sont décorées de designs d’immenses carrés de courtepointes colorés. Jusqu’à l’approche du bras ouest du lac Nipissing, le terrain est relativement plat.
La route traverse de petites criques ou des anses; les ponts révèlent des vues imprenables sur le vaste lac. Puis, le paysage prend du relief et de faux plats donnent une vitesse enivrante.
À 40 km de vélo de Sturgeon Falls, le parc provincial Mashkinonje est un point de repère sur la route. À la fois spectaculaire et tranquille, ce parc comporte 30 km de sentiers pédestres, avec un magnifique trottoir qui s’avance dans la tourbière Loudon-Peatland. Des bénévoles passionnés veillent sur les lieux.
Photo: Parc Ontario
Photo: Parc Ontario
Localement, on vous suggérera de poser vos sacs à Sturgeon Falls, le centre de population de Nipissing Ouest, une municipalité fusionnée regroupant les villages autrefois agricoles et forestiers. La ville met en valeur l’histoire, la culture et des produits gourmands qui font saliver.
Quelques parcours se greffent à la véloroute. Par exemple, la tournée des murales de Nipissing Ouest, organisée dans un parcours cycliste de 66 km, révèle l’histoire de chaque localité (décrite en français et en anglais dans l’appli Balado Découverte). Ou encore, le West Nipissing Barn Quilt Trail révèle l’emplacement et la description des 20 courtepointes sur les granges de St-Charles, Warren, Sturgeon Falls…
Sur l’autre rive de la rivière aux Esturgeons, la famille Deschatelets, fièrement franco-ontarienne, ouvre les portes de sa ferme Leisure Farms pour la cueillette de petits fruits. Comme la récolte est abondante, c’est aussi l’occasion de se procurer des gourmandises comme des tartes, des pains et des pâtisseries.
La boulangerie Chez Jean-Marc parfume aussi le village, avec ses tartes aux petits fruits de la région, son pain, ses pâtisseries ou ses petits plats.
Tout près, la baie Minnehaha, avec sa marina et son Twiggs Café, qui s’est multiplié en quelques franchises dans la région, est une fierté locale.
Bref, Sturgeon Falls permet de se préparer un magnifique pique-nique à savourer en route. Les cyclistes du coin vous suggéreront de vous arrêter au parc de Lavigne, tout près du magasin général Chez Courchesne, où acheter du fromage en grains et quelques salaisons pour compléter le repas.
Avec un vent de dos, une matinée suffit à parcourir les 75 km qui séparent Sturgeon Falls et Noëlville.
Et si vous complétez la boucle de 178 km, le magasin général Dupras de River Valley est parfait pour faire le plein de provisions — ou de poutine!
Partout sur la véloroute Vive le Nord, le drapeau franco-ontarien, de vert et de blanc, flotte fièrement. Et à chaque village sa poutine : chez Courchesne, chez Dupras, ou à Sturgeon Falls, une destination connue de par la province pour sa rivalité. De part et d’autre de la Main, Larry’s Chip Stand et The Riv se livrent à la guerre à la meilleure poutine de l’Ontario. L’audacieuse Monique’s joue aussi le jeu depuis quelques années. Les cyclistes de la région aiment bien clore une journée de randonnée avec une poutine. C’est l’occasion de revenir sur leur excursion. Si vous les croisez en route, demandez-leur quel est leur arrêt préféré.
Suivez les panneaux de signalisation et laissez-vous tenter par les gourmandises qui vous attendent en route. Les occasions de bouger sont si nombreuses, vous pouvez succomber sans culpabilité.

Vive le Nord est une magnifique véloroute. En plus de présenter des décors magnifiques, c’est une fenêtre sur l’une des régions du pays où la francophonie vit et vibre. Suivez la signalisation, faites des arrêts en route, mais surtout, laissez les saveurs, les histoires et les paysages du Nipissing vous guider.
Avec son histoire bien ancrée, ses communautés accueillantes et ses paysages bucoliques, la véloroute Vive le Nord démontre au-delà de tout doute que la francophonie est bien vivante.
Andréanne Joly
Andréanne Joly aime explorer, fouiller et faire découvrir la francophonie de l’Ontario et du Canada et leurs espaces touristiques. Journaliste indépendante et rédactrice agréée, elle collabore régulièrement avec diverses organisations touristiques comme l’Alliance du tourisme culinaire et des médias comme TFO, Francopresse.ca, Affaires universitaires, L’Express, etc. Elle participe à la rédaction d'un ouvrage à paraître chez Gallimard.

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